À propos

Intro – Les nations associées au groupe algonquin

Pour mieux comprendre les relations entre les différents groupes d’autochtones qui habitaient et habitent encore cette partie du territoire «découvert», on pourrait les comparer avec le groupe latin de l’Europe.

Les Algonkins seraient les latins de l’Europe. Les latins (ou la plupart à raison de l’immigration de certains peuples vers ces pays) sont ceux qui habitent les pays de France, de l’Espagne, de l’Italie, de la Portugal. Au niveau de leur langage, chaque pays de ce continent parle le sien avec plus ou moins de similitudes entre eux. De ce côté, il y a les algonkins dont le groupe de la nation Atikamekw, de la nation Abénakie, de la nation Algonkine, de la nation Crie, de la nation Innue (Montagnais), de la nation Malécite, de la nation Mi’kmakw, de la nation Naskapie. Chacune de ces nations a son propre langage avec plus ou moins de similitudes également, tout comme ceux des pays latins de l’Europe.

Les Atikamekw habitent le territoire qui constitue la région-centre de la province de Québec), la nation des Algonkins occupe le secteur ouest du Québec (débordant vers l’Ontario), les Cris sont de la Baie James (débordant vers l’Ontario et le Manitoba), les Innus (Montagnais) occupent le territoire du Lac St-Jean jusqu’au Labrador, les Naskapi habitent au nord de la province de Québec et du Labrador, les Mi’kmak occupent la région de la Gaspésie et des autres régions limitrophes jusqu’aux États-Unis, les Malécites sont de la région du bas du Fleuve, des Appalaches et des autres régions limitrophes, les Abénakis ont leur territoire du côté de l’Estrie, de la région des Appalaches et des autres états des États-unis (dont le Maine).

La signification de notre nom

Notre nom de peuple (Atikamekw) signifie poisson blanc. Cette appellation nous est venue parce que nous consommons en abondance ce délicieux poisson blanc, le corégone. Ainsi, pour nous, la pêche à l’atikamekw (poisson blanc) dépasse la simple quête de nourriture ; elle relie notre peuple à ses origines.

Nous portons aussi le nom de Têtes-de-Boule, du fait qu’on dit que les femmes Atikamekw auraient adopté une pratique spécifique pour donner une forme de tête parfaite à leurs enfants.

Pour plusieurs, on utilise les deux appellations sans aucune distinction, les deux désignant le même peuple.

Toutefois, il existe une polémique à ce sujet. Deux hypothèses sont avancées : pour certains, il s’agirait de deux peuples distincts. Pour eux, les Atikamekw seraient totalement disparus de la carte des Hauts-Mauriciens, vers la fin du XVIIe siècle, suite aux attaques iroquoises et de maladies, et les Têtes-de-Boule seraient des nouveaux venus s’étant installés sur ce territoire abandonné par les Atikamekw. L’autre hypothèse que l’on retrouve dans l’historiographie veut que les Atikamekw aient tout simplement changé d’appellation au fil des ans à la faveur de considérations terminologiques dans le monde eurocanadien et apostolique.

Que l’on adopte l’une ou l’autre de ces deux hypothèses a des conséquences majeures dans le contexte des revendications territoiriales d’aujourd’hui. Si les Atikamekw et les Têtes-de-Boule ne forment qu’une seule et même entité autochtone, cela veut dire que leur continuité sur le territoire est clairement établie. Cet état de fait serait conforme aux critères établis par les tribunaux concernant le titre indien de la Commun Law.

Par contre, s’il s’agit de deux peuples différents, cela signifierait que la discontinuité d’occupation serait prouvée et enlèverait aux occupants autochtones actuels des avantages reliés au titre indien de Commun Law.

Malgré des démonstrations documentées et articulées de la part des tenants deux hypothèses, le doute persiste et les chercheurs hésitent à prendre position.

En ce qui nous concerne, les deux appellations identifient le même peuple.

Source : Dawson, Nelson-Martin. Des Atikamekw aux Têtes-de-Boule : mutation ethnique dans le Haut Mauricien sous le régime français. Septentrion, 2003.

Un peuple pacifique

Les Jésuites ont brossé un portrait très flatteur des Atikamekw.

Pour eux, «  ils étaient sans vice, d’une grande douceur, on n’avait eu aucune peine à les gagner à Jésus-Christ, & à les affectionner aux François ». Leur mode de vie en faisait « une nation toute simple, toute candide et bien éloignée de la superbe, (vivant) … dans l’innocence de la chasse et de la pêche ».

Les Atikamekw se décriaient eux-mêmes de la façon suivante : « nous ne sommes pas des gens de guerre, nous manions mieux l’aviron que l’épée, nous aimons la paix, c’est pourquoi nous nous éloignons le plus que nous pouvons des occasions de combattre ».

Cela n’a pas empêché les Atikamekw de combattre les Agni ers  de façon très courageuse au fil des ans pour protéger leur territoire.
Le témoignage d’un missionnaire vient le prouver. En 1661, attaqués par des Iroquois, une trentaine d’Atikamekw et quelques français furent tués.

« Trente Attikamegues, parmi lesquels il y avait quelques François, furent attaqués par quatre-vingt Iroquois, & se défendirent avec une valeur, qui aurait pu les sauver, s’ils eussent combattu avec plus d’ordre; les Femmes mêmes se battirent jusqu’à la mort, &
pas une ne voulut se rendre. Enfin, depuis Montréal jusqu’à Tadoussac, on ne vit que des traces sanglantes du passage de ces fiers Ennemis…

Mais globalement, le peuple atikamekw est un peuple doux, pacifique et fier, doté d’un grand sens de l’humour.