Malgré les aspects de sédentarisation qui se développaient progressivement, les Atikamekw ne cessèrent pas de chasser. Ceux qui travaillaient pour les compagnies forestières étaient relativement peu nombreux et la majorité n’avait que la chasse comme unique moyen de subsistance.
Certes les choses avaient changées, mais la façon de chasser ne différait pas tellement de celle de leurs aïeuls.
Les périodes où ils partaient chasser pouvaient s’échelonner sur deux mois. Ils partaient à l’approche de l’automne et revenaient pour la période des fêtes. Cette rencontre donnait lieu à des festivités et le missionnaire en profitait pour prêcher, baptiser, marier… ils repartaient ensuite et ne revenait à Manawan que vers la fin avril. Les bagages étaient peu nombreux et peu encombrants, les provisions étaient réduites au strict nécessaire, ils n’emportaient que de la farine, du sel, de la graisse, du thé et de la poudre à pâte, sachant très bien que les produits de leur chasse suffiraient à les nourrir.
Très souvent, il n’y avait que le chef de clan qui possédait un fusil, les jeunes chasseurs et les enfants chassaient avec des bâtons, des tire-roches ou des arcs.
En plus d’avoir à surmonter les conditions de chasse difficiles imposées par la venue des compagnies forestières, les chasseurs avaient en plus à subir la rapacité de la Hudson’s Bay lorsqu’ils allaient vendre le fruit de leur trappe. En effet, la Hudson’s Bay, seul acheteur de fourrure des environs, payait les fourrures très en deçà de leur valeur réelle. Assoiffée de profits, cette compagnie payait les peux en «bons d’achat» qui n’étaient valides que pour acheter à cet endroit. Les Atikamekw devaient alors se contenter de peu de choix et de la piètre qualité des marchandises, en plus d’avoir à les payer à un prix très élevé.
La pratique la plus courante de la Hudson’s Bay était d’empiler des peux de castors de la même hauteur qu’un fusil et de donner le fusil en échange de cet amas considérable de fourrures. On peut mieux comprendre pourquoi peu de gens possédaient un fusil. Les fusils n’étaient pas rares mais extrêmement dispendieux. Et même si la Hudson’s Bay donnait de l’argent en échange des peaux, cet argent lui revenait car c’était le seul endroit où on pouvait y acheter quelque chose.