Économie

L’économie de cette époque était une économie de subsistance.  Les gens devaient chasser pour se nourrir, se vêtir, survivre.   La chasse, la pêche et le piégeage devenaient ainsi la pierre angulaire du mode de vie et de l’économie du peuple.  Bien sûr, il y eu des échanges avec d’autres tribus, tel que décrit dans la section Échange avec d’autres tribus.   Mais la principale activité économique était directement lié la chasse et au rythme des saisons.

Selon Norman Clermont, anthropologue, «une famille de 5 personnes tuera en moyenne 2 orignaux par hiver (400 repas), 1 ours (70 repas), plus de 500 lièvres (1 000 repas), environ 150 perdrix (150 repas), 30-40 castors dont une vingtaine seront mangés (160 repas), au moins 100 rats musqués (100 repas), 10 loups cerviers (100 repas, et l’équivalent de 300 repas de poissons». (Clermont, 1977, p. 52)

Au début de l’automne, chacun reprenait la direction de son territoire de chasse en canot.  Les familles Newashish, Nipinatcac, Kawaasiketc, Pemawe, kitciko et Kamisino remontaient tranquillement la rivière Manawan et se dispersaient encore plus loin dans la forêt, chacun retrouvant son territoire de chasse.

Durant le trajet, il fallait se préparer tranquillement pour l’hiver.  Lorsque quelqu’un tuait un orignal, ils s’arrêtaient pour camper quelques jours, le temps de préparer la viande, de tanner la peau qui servira à confectionner des vêtements d’hiver.  Ensuite, ils reprenaient le chemin tout en faisant de la petite chasse.  À chaque arrêt, les femmes, en plus de s’occuper de la cuisine, elles devaient réparer et confectionner des vêtements pour toute la famille.  Les hommes eux, partaient à la chasse à la perdrix, aux canards, aux outardes aux alentour du campement.  C’était la façon de subvenir aux besoins en nourriture et également pour varier l’alimentation.  Aussi, cette façon de faire pour les hommes à parcourir leur territoire de chasse étaient pour eux un excellent moyen de dénombrer le nombre de castors qui pouvaient y avoir, ainsi ils pouvaient savoir combien il pouvaient en tuer afin de garder l’équilibre dans la  nature afin d’y laisser quelques couples pour la reproduction.

La notion de préservation du territoire était très présente à leurs yeux, le territoire de chasse était donc divisé en trois parties afin de ne pas chasser deux années consécutives sur le même territoire.  Ce moyen de divisé le territoire leurs assuraient le résultat du repeuplement des animaux dans la région, tels les loutres, les visons, mais surtout le castor. Selon les Aînés, il n’y avait pas de mauvaises années de chasse et chacun y trouvait toujours de quoi satisfaire ses besoins.

Ainsi, plus ils s’enfonçaient dans leur territoire de chasse, plus ils sentaient l’hiver s’approcher  et plus il y avait d’activité.  Pour ceux qui n’avaient pas tout ce dont ils avaient besoin pour passer l’hiver, comme des raquettes, des traîneaux et de bons vêtements chauds, il leur fallait redoubler d’ardeur.  Abattre quelques orignaux de plus, s’arrêter encore quelques jours afin que les femmes fassent fumer la viande pour la conserver plus longtemps.  Les hommes eux, fabriquaient des raquettes pour toute la famille.   C’était donc un très long périple à chaque fois, à chaque année pour se rendre à son territoire de chasse et à son camp d’hiver.  Il y avait beaucoup à faire et tout le monde avait ses tâches à faire durant les arrêts.  Il fallait d’abord dresser la tente et fabriquer un tapis avec les branches de sapin.  Il fallait couper le bois nécessaire pour faire un feu de camp et pour chauffer la tente.

Lorsque l’automne tirait à sa fin et que les lacs commençaient à geler, il fallait s’arrêter plus longtemps.  Là, les hommes fabriquaient des traîneaux à chiens et terminaient les raquettes afin que tout soit prêt pour l’hiver.  C’était également le temps pour les hommes de partir à la chasse aux animaux à fourrure, cette fourrure servirait pour faire des vêtements et la nourriture pour leur subsistance.

Quand les lacs étaient assez gelés pour reprendre la route, les canots étaient laissés à cet endroit et le reste du trajet se faisaient en raquette et les chiens tiraient le matériel en traîneau.  Les journées d’ensoleillement étaient plus courtes, le chemin parcouru le devenait aussi, car à chaque arrêt il fallait refaire les mêmes choses : dresser la tente, mettre le sapinage et chauffer la tente avant de détacher les petits enfants qui sont sur le traîneau enveloppés de draps en peau de lièvres «arapikorai».

Finalement arrivé au campement d’hiver, les hommes préparaient le terrain, dressaient les tentes et préparaient le bois de chauffage avant d’entreprendre la visite de leur ligne de trappe.  Quelques fois les femmes et les enfants restaient seuls au campement durant des jours et même des semaines avant que les hommes ne reviennent.  Pendant ce temps, les femmes et les grands enfants faisaient la petite chasse autour du campement.  Ils allaient tendre des collets à lièvre, ils chassaient la perdrix.

Quand les hommes revenaient au campement, les enfants courraient au devant de leur père et se dépêchaient à défaire les bagages pour y découvrir les belles surprises telles que  des dizaines de castors, de loutres, de rats musqués, de renards, de viande d’orignal et beaucoup de fourrure.  Tandis que les femmes eux, s’empressaient de préparer des boissons chaudes pour les hommes qui revenaient au campement épuisés.  Après quelques jours de repos, les hommes repartaient vers une autre partie de leur territoire.

Durant leur absence les hommes pouvaient compter sur les femmes âgées pour soigner des maladies dans le groupe qui restait au campement.  Mais, il arrivait également des périodes où les animaux se faisaient plus rares et que la famine s’installait.  Les temps étaient plus durs et les gens parvenaient à passer au travers en laissant quelques fois des êtres chers rejoindre le créateur «Kice Manito».

Lorsque les chasseurs avaient parcouru à peu près tout leur territoire de chasse, déjà les premiers signes du printemps se montraient.  Les journées rallongeaient et la neige fondait tranquillement sous le soleil.  C’était alors le temps de penser au retour vers le l’endroit de rencontre habituel.  Les familles déménageaient vers un autre camp, près d’un cours d’eau, habituellement là où ils avaient laissé les canots d’écorce et demeuraient à cet endroit jusqu’à la fonte des neiges.

Durant ce temps, les hommes prélevaient de l’écorce de bouleau pour réparer et préparer les canots afin de remplacer ceux qui étaient devenus inutilisables.  D’autres s’occupaient à prélever l’eau d’érable afin de faire du sucre d’érable qui servirait à être manger où même à donner aux enfants en guise de récompense.

Lorsque tout était prêt pour le grand retour au camp de rassemblement estival, que l’on avait entreposé les traîneaux, les raquettes, le voyage de retour pouvait commencé.  Le voyage ressemblait à celui parcouru à l’automne, tranquillement, en plusieurs étapes.  Les familles redescendent tranquillement les rivières jusqu’à la grande rivière Manawan.